Vies mêlées de Manuela Sáenz, compagne de Simon Bolivar, et de Jonatás, esclave affranchie
EAN13
9782841626458
Éditeur
L'Eclat
Date de publication
Collection
ECLATS
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Vies mêlées de Manuela Sáenz, compagne de Simon Bolivar, et de Jonatás, esclave affranchie

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Indisponible
Si l'on sait que l’Amérique latine fut libérée du joug espagnol et presque
unifiée par El Libertador, Simon Bolivar (1783-1830), on sait moins, et
quelquefois presque pas du tout, que dans cette lutte de libération, il fut
largement soutenu, conseillé et aidé par une certaine Manuelita Sáenz
(1797-1856), qui vécut à ses côtés ses huit dernières années et combattit
également dans son armée avec le rang de colonel. A la mort de Bolivar,
presque tout ce qu'il avait construit fut mis en pièces par ses successeurs
qui prirent le pouvoir et ne manquèrent pas d'effacer jusqu'au nom de
Manuelita Sáenz, spoliée et condamnée à l'exil dans le nord Pérou où elle
vécut dans le plus grand dénuement avec Jonatas, esclave qui lui avait été
"donnée" à sa naissance et qu'elle avait très tôt affranchie, écrivant des
lettres pour les baleiniers de passage, rencontrant un certain Herman Melville
venu se renseigner pour un livre en cours sur la vie des baleiniers et
correspondant avec le maître de Bolivar, Simon Rodriguez, lui aussi exilé et
dont l'oeuvre pédagogique, presque inconnue en dehors de l'Amérique latine,
est probablement la plus riche expérience en matière d'éducation de ce
continent. Elle meurt d'une épidémie de diphtérie, oubliée de tous et surtout
des manuels d'histoire de la guerre de libération latino-américaine. Ce fut le
président du Vénézuela, Hugo Chavez, qui la réhabilita et fit transporter ces
'cendres' (évidemment factices) à Caracas pour les déposer dans le Mausolée de
Simon Bolivar. Gabriel Garcia Marquez, qui consacre un livre à Bolivar (Le
Général en son labyrinthe), l'évoque brillamment; Neruda lui dédie un poème,
et plusieurs ouvrages sur elle ont paru depuis en Amérique latine, mettant en
avant à la fois la 'femme' éprise de liberté qu'elle était, mais la cantonnant
souvent dans le statut de "Libertador del Libertador", surnom que lui avait
donné Bolivar quand, grâce à elle, il échappa à un attentat fomenté par ses
anciens lieutenants, ou de maîtresse principale de l'homme aux 1000
maîtresses. Dans ce court texte de fiction, Patricia Farazzi s'attache surtout
à la rebelle que fut Manuelita Sáenz, et aux dernières années de sa vie,
passées avec Jonatas qui, libérée de l'esclavage, libérait à son tour
Manuelita du poids du monde de la bourgeoisie équatorienne dans lequel elle
avait grandi. Et si on croise, évidemment, Simon Bolivar, dont la
contemplation de la statue équestre ouvre le récit, c'est plus pour en évoquer
la formidable défaite qui a suivi sa mort, livrant le continent à une
ribambelle de nouveaux conquistadors bureaucratiques qui ont troqué la
couronne d'Espagne pour de nouveaux occupants (anglais, hollandais, français)
venus 'soutenir' la guerre de libération menée par Bolivar, pour en récolter
les 'fruits' (or, pierres précieuses, cuivre, ...). Avec ses vies parallèles
de Manuelita et de Jonatas, Patricia Farazzi dresse le portrait imaginaire
d'une femme hors du commun, héritière d'une tradition latino-américaine qui
peine à se faire reconnaître. Au soir de sa vie, Manuelita reprend sa
conversation interrompue avec l'ombre de Simon Bolivar, sur les pièges de la
liberté accordée sous conditions aux femmes et aux anciens esclaves. Après de
longs voyages de par le monde jusqu'aux années 80 (Amérique latine, Afrique,
Moyen Orient), Patricia Farazzi a traduit, préfacé et publié de nombreux
ouvrages aux Editions de l'éclat, qu'elle a contribué à fonder en 1985. Son
dernier livre, Fragmentation (2022), décrit sous la forme d'une parabole ce
qu'a pu être la violence subie et la souffrance des peuples d'Amérique latine
à l'époque des récentes dictatures. Elle vient également de publier et de
préfacer deux volumes de poètes latino-américains (le péruvien Javier Heraud
et l'argentin Leandro Calle) dans la collection L’éclat/poésie/poche, qu'elle
dirige.
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