La douceur du corset

Emmanuelle Pol

Finitude

  • Conseillé par
    21 juin 2010

    A travers six histoires courtes, l’auteur explore les différentes facettes du sentiment amoureux. Dans la première, « Le corset », elle s’amuse à comparer l’homme à cet outil de torture qui peut parfois révéler des désirs masochistes bien enfouis… Le corset, métaphore de la soumission amoureuse volontaire?

    Mes chéries, avez-vous déjà porté… un corset? Eh bien, un homme comme celui dont je vous parle, cela ressemble très précisément à un corset. Dans la « Rivale », Emmanuelle Pol décrit cette relation instable qui existe parfois entre le mari, la femme et la maîtresse. « Les Mauvais Sentiments » font référence cette envie de possession absolue que la narratrice éprouve vis à vis de l’homme qu’elle convoite. Je veux cet homme. Je le veux pour moi. Je veux l’attraper, le garder, et me l’attacher pour toujours. Je veux le posséder, l’avoir à ma botte, je veux qu’il soit ma chose, qu’il me coure après, qu’il rampe devant moi comme un chien. « Le Cercle des Sorcières » évoque une solidarité féminine à double tranchant. « Dans la peau » se passe de commentaires et « La traversée du miroir » dessine les contours d’une vie aux priorités inversées : une vie ou la folie prime sur la sagesse, une vie aux ordres du cœur, où le désir dicte ses règles et les sentiments seuls imposent leur contrainte.

    Le livre en lui-même est un objet très réussi : une couverture rayée rouge et beige, avec des illustrations échappées de vieux magazines féminins, un papier épais couleur de crème anglaise, un format qui tient dans la main et une mise en page claire et agréable. Côté texte, si j’ai été sensible à l’écriture impeccable d’Emmanuelle Pol et à sa manière de dire l’essentiel en quelques mots bien choisis, je ne me suis, par contre, pas du tout retrouvée dans l’image de la femme amoureuse qu’elle dresse. Excepté Dans la peau qui m’a parlé, parce qu’elle y évoque avec force et douceur, une belle sensualité, je n’ai pas pu suivre cette femme un peu trop masculino-dépendante à mon goût. Je n’ai pourtant pas l’impression d’être une féministe éperdue mais ce sentiment exclusif, dominateur, impérieux, contraignant ne correspond pas à ma vision de l’amour.

    J’aurais préféré des histoires décrivant un rapport homme-femme sortant des sentiers battus de la dépendance, de la soumission et de la rivalité…